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Introduction :

Entre idées reçues et confusion, elle est une source de débats et d’interrogations. Certains en ont peur, d’autres sont curieux, les scientifiques la défendent ou la critiquent. Quoi qu’il en soit, parler d’hypnose, c’est toujours se confronter à des débats.

Cet article a pour objet de faire une mise au point. Dénouer le vrai du faux, donner la parole aux études scientifiques. Démystifier et informer. Peser le pour et le contre afin que chacun ait les outils et puisse se faire son propre jugement.

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Hypnose définition

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Définir l’état d’hypnose :

L’hypnose est un état particulier que l’on appelle État modifié de conscience. C’est-à-dire un état qui n’est pas permanent ou constant. Un état où notre éveil ou notre perception est modifié. On est conscient lorsque l’on est présent, que l’on perçoit, que l’on réfléchit et que l’on ressent. C’est la capacité d’être présent et attentif à ce qui se passe en nous et autour de nous.


Or, cet état peut être modifié ; c’est pour cela que, quand quelqu’un est sous hypnose, on parle d’état modifié de conscience. Cet état peut être induit par diverses méthodes : comme l’hypnose, la méditation, la fatigue…
En fait, nous vivons tous, tous les jours, cet état modifié de conscience et donc un état d’hypnose. Par exemple, lorsque vous conduisez, il arrive parfois que vous arriviez à destination sans vous en rendre compte. Pourtant, votre corps a enclenché seul (ou inconsciemment plutôt) tous les mécanismes vous permettant de conduire en sécurité. Or dans votre tête, vous étiez ailleurs, vous n’avez pas vu le temps passer, et donc vous étiez dans un état modifié de conscience. Vous êtes là, présent, mais aussi un peu ailleurs, dans votre monde intérieur, votre inconscient, votre imaginaire. C’est un état qui s’impose à nous quelque part.


L’Association américaine de psychologie a défini l’hypnose médicale comme : « A state of consciousness involving focused attention and reduced peripheral awareness characterized by an enhanced capacity for response to suggestion », que l’on peut traduire par « un état de conscience impliquant une attention focalisée et une moindre sensibilité à l’environnement, caractérisé par une capacité accrue de réponse à la suggestion… »

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Pourquoi l’hypnose est-elle utilisée dans le cadre thérapeutique ?

(Attention, cette courte partie n’est qu’un résumé vulgarisé du fonctionnement de l’inconscient. Le but ici est de comprendre l’idée globale de son fonctionnement. Des ressources sont disponibles en annexes afin d’approfondir le sujet (voir aussi : Définition Inconscient


L’hypnose thérapeutique utilise cet état modifié de conscience pour communiquer directement avec l’inconscient.
L’inconscient, c’est ce qui n’est pas accessible à notre conscience immédiate. C’est la partie de nous qui est enfouie, à laquelle nous n’avons pas accès facilement, et qui pourtant est omniprésente. Elle influence nos actions et nos réactions sans que nous nous en rendions compte. Et quelque part, l’inconscient fait cela indépendamment de notre volonté.


Parfois, l’inconscient nous impose des réactions que nous ne comprenons pas et qui rendent notre vie dure, stressante et pesante… En thérapie, on vient regarder ce qui se passe dans ces zones de flou. Afin de voir ce qui nous limite, nous bloque, nous pousse à avoir des comportements et des réactions dont nous ne voulons pas et qui peuvent nous handicaper. Car oui, l’inconscient (entre autres) nous impose des peurs irrationnelles (les phobies) ou des comportements nocifs pour nous-mêmes, comme le stress, les excès de colère, ou des comportements addictifs…


L’hypnose thérapeutique repose sur l’utilisation de suggestions hypnotiques. C’est le fait d’introduire une idée sans que cela soit remarqué. Cela se fait par la parole grâce à l’utilisation de métaphores, notamment. On peut alors introduire un état affectif (détente, relaxation, rire…) ou une conduite (les bras qui se lèvent « tous seuls »). En hypnose de spectacle, cela est impressionnant, car les suggestions sont très directives. Or, en hypnose thérapeutique, les suggestions sont douces et ont pour objectif d’induire du bien-être ou des changements positifs.


Les métaphores permettent de dialoguer avec l’inconscient. Le but étant que ce dernier, de lui-même, enclenche et mette en place de nouveaux schémas de réactions afin de soulager des symptômes spécifiques (compulsions alimentaires ou perte d’appétit ; insomnies, réactions émotionnelles…).

Maintenant que nous connaissons toutes ces définitions, et afin de comprendre pourquoi l’hypnose est aussi controversée, parlons un peu d’histoire.

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Brève histoire de l’hypnose :

L’utilisation des états modifiés de conscience remonte aux temps des guérisseurs et chamanes. Ils l’utilisaient pour induire un état de transe chez leurs patients afin de les soigner. Il n’y avait pas de compréhension ou d’explication scientifique à leurs pratiques. Ils reposaient plutôt cela sur des croyances, principalement la croyance en des dons de guérison.


Ce n’est qu’au 18e siècle que l’hypnose a été reconnue comme une pratique médicale, notamment grâce aux travaux du médecin autrichien Franz Anton Mesmer. (Nous ne parlons pas du magicien-hypnotiseur contemporain Mesmer. Beaucoup associent l’hypnose à lui et donc à l’hypnose de spectacle. Or Mesmer est un comédien, un showman, et non un hypnothérapeute. L’approche de l’hypnose thérapeutique est radicalement différente.)


Franz Mesmer, le scientifique du 18e, développe le concept de magnétisme animal. C’est une pratique qui prétend utiliser une force magnétique ou une énergie invisible pour influencer le bien-être physique et psychologique de ses patients. Cette théorie sera réfutée faute de preuves scientifiques. Cela donnera mauvaise presse au terme d’hypnose. Cependant, certains éléments du magnétisme animal ont été intégrés à la pratique de l’hypnose, notamment l’utilisation des suggestions pour induire des changements de comportement ou de perception.


Au 19e siècle, l’hypnose a gagné en popularité grâce aux travaux du neurologue français Jean-Martin Charcot et du psychologue britannique James Braid. Charcot a utilisé l’hypnose pour traiter des patients atteints de troubles nerveux.

Braid a joué un rôle majeur pour la légitimité de l’hypnose dans le monde scientifique. En 1843, il propose le terme « hypnose » (du grec « hypnos », qui signifie sommeil). Braid a rapidement reconnu que l’état hypnotique n’était pas un sommeil ordinaire, mais plutôt un état de concentration, où l’individu est particulièrement réceptif aux suggestions thérapeutiques. Mais le terme d’hypnose est resté. Braid a également développé des techniques pour induire cet état chez ses patients.

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Légitimité de l’hypnose, un conflit sans fin et une source de confusion :

Le conflit sur la légitimité de l’hypnose thérapeutique repose en grande partie sur le manque de consensus parmi les professionnels de la santé quant à son efficacité et à ses mécanismes d’action.


Une des raisons qui génèrent de la confusion autour de l’hypnose est le fait qu’elle a souvent été associée à d’autres termes. Pourtant, ils ne renvoient pas tous à la même idée et surtout pas à la même démarche.


Le terme de « transe », par exemple, est souvent associé à l’hypnose : on parle alors de transe hypnotique. Or l’état de « transe » s’inscrit dans une démarche de perte de contrôle. Ces états sont souvent utilisés dans des contextes d’ordre spirituel, ésotérique, voire artistique. Les chamanes, par exemple, induisent l’état de transe à travers la musique, notamment avec l’utilisation de tambours.

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Les contre :

Les critiques soulignent le manque de preuves scientifiques solides soutenant son efficacité. Certains accusent l’hypnose thérapeutique d’être une pseudoscience ou une forme de manipulation mentale. Ils associent l’hypnose à des conceptions ésotériques, spirituelles et souvent à du charlatanisme.

Cette perception vient de l’héritage de la pratique chamanique et des guérisseurs que nous avons mentionnés auparavant.

D’autres affirment que les effets observés sont dus à des facteurs tels que la suggestion et à l’effet placebo, plutôt qu’à un mécanisme spécifique de l’hypnose.

L’hypnose souffre aussi d’une représentation caricaturale dans les films et les séries, souvent associée à des personnages manipulateurs et malveillants, ce qui induit chez les téléspectateurs des associations d’idées.

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Les pour :

Au 20e siècle, l’hypnose thérapeutique a été étudiée de manière plus approfondie par des chercheurs et des cliniciens. Des études ont montré que l’hypnose pouvait être efficace pour traiter des troubles tels que l’anxiété, les douleurs chroniques, les troubles du sommeil, les phobies et même certains troubles psychologiques.

Des neuro-imageries cérébrales ont également révélé que l’hypnose activait certaines régions du cerveau liées à la perception de la douleur et au contrôle des émotions, ce qui expliquerait son efficacité dans le traitement thérapeutique. “De nombreuses études récentes en imagerie fonctionnelle (IRM) et PET scan ont permis de démontrer des connexions cérébrales particulières pendant l’hypnose, en particulier en utilisant des protocoles d’imagerie IRM en tenseur de diffusion. (…) Lorsque des patients sont évalués lors d’une séance d’hypnose, celle-ci présente un niveau de connectivité supérieur à celui de la rêverie et de l’effet placebo. (…) Il a été démontré que les centres activés étaient multiples pendant la « mémorisation » du souvenir. (…) Ces images montrent que certains centres agissent comme des filtres ou des amplificateurs des messages sous-corticaux que l’hypnose permet d’activer ou d’inhiber. L’hypnose est donc associée à une diminution de l’activité de deux régions, très actives en éveil, le précunéus du cortex pariétal et le cortex cingulaire postérieur.”

Selon une autre étude, l’hypnose thérapeutique a montré des effets positifs sur la réduction du stress et de l’anxiété chez les patients, en agissant sur le système nerveux autonome et en diminuant la production de cortisol, l’hormone du stress. (Hammond, D. (2010). Hypnosis in the treatment of anxiety- and stress-related disorders. Expert Review of Neurotherapeutics, 10, 263-273.)

Une autre étude parue dans la revue Clinical Psychology Review en 2015 a montré que l’hypnose thérapeutique était efficace dans le traitement des phobies, des troubles de l’humeur et des troubles de stress post-traumatique. (Pierre-André Clastot. Hypnose médicale et stress post-traumatiques : revue de la littérature. Médecine humaine et pathologie. 2013. ffdumas-00911734f)

En ce qui concerne les douleurs chroniques, une étude réalisée par des chercheurs montré que l’hypnose thérapeutique était efficace pour réduire l’intensité de la douleur chez les patients souffrant de douleurs chroniques, en agissant sur les voies nerveuses responsables de la transmission de la douleur. Grégoire, C., Faymonville, M.-É., Jerusalem, G., Bragard, I., Charland-Verville, V., & Vanhaudenhuyse, A. (2017). Intérêt et utilisation de l’hypnose pour améliorer le bien-être physique et psychologique en oncologie. Hegel, 4(4), 267‑275.

Par ailleurs, l’hypnose thérapeutique a également été utilisée dans le traitement des troubles du sommeil. Une étude a montré que l’hypnose thérapeutique était efficace pour améliorer la qualité du sommeil chez les patients souffrant d’insomnie, en favorisant la relaxation et en réduisant l’anxiété avant le coucher. (Becker PM. Hypnosis in the Management of Sleep Disorders. Sleep Med Clin. 2015 Mar;10(1):85-92. doi: 10.1016/j.jsmc.2014.11.003. Epub 2014 Dec 15. PMID: 26055676.)

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Conclusion :

Il semble que le débat sur la légitimité de l’hypnose thérapeutique reste ouvert et que des études supplémentaires soient nécessaires pour mieux comprendre ses mécanismes d’action et son efficacité.

Il est donc recommandé aux patients intéressés par cette approche thérapeutique de consulter un professionnel de la santé qualifié et formé à l’utilisation de l’hypnose.

Aujourd’hui, l’hypnose thérapeutique est utilisée dans les milieux médicaux et psychologiques pour compléter d’autres formes de traitement. De nombreuses études continuent de démontrer son efficacité et ses bienfaits, ce qui en fait une approche thérapeutique prometteuse.

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Auteur: Laura Natalia, 2024

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